Inclure la notion de genre dans les technologies et infrastructures de transport pour une mobilité urbaine durable (United Nations Climate Change)

6 août 2024

Publié par UN Climate Change en juillet 2024, le document technique intitulé « Gender-responsive technology and infrastructure for sustainable urban mobility » explore les inégalités de genre dans la mobilité urbaine. Il souligne l'urgence d'intégrer la notion de genre dans la planification, la conception, la mise en œuvre et l'utilisation des technologies, infrastructures et services de mobilité à faibles émissions de carbone, afin que chacun puisse jouir d'une mobilité urbaine équitable, sûre et durable.

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« Les modes de mobilité sont systématiquement corrélés à la zone géographique, au genre, l’âge, l’ethnie, au statut économique ou encore à la catégorie socio-professionnelle à laquelle les usagers appartiennent. »

Genre et mobilité : les femmes en milieu urbain subissent des inégalités marquées dans leurs trajets quotidiens 

Les femmes et les hommes n’ont pas le même rapport et ne sont pas égaux en termes de mobilité. Cela se traduit par des différences dans leurs modes de déplacement, leur budget, leur utilisation des transports, ainsi que dans leur exposition au harcèlement et à la violence au cours de leurs trajets :

  • Les femmes ont en moyenne des trajets domicile-travail plus courts que leurs homologues masculins.
  • Par ailleurs, elles sont contraintes d’effectuer plus de déplacements pour des raisons autres que l’activité professionnelle. Que ce soit dans les pays développés ou en développement, elles partagent des rôles similaires, souvent non-rémunérés, (responsable du foyer, des personnes à charges, des tâches ménagères…) qui influencent leurs déplacements.
  • À l’échelle mondiale, les femmes ont un accès plus limité aux moyens de transport motorisés privés et optent pour des modes de transport flexibles (transports en commun, vélo, marche…). Elles ne sont usuellement pas propriétaires de leurs véhicules et/ou ne possèdent pas systématiquement le permis de conduire.
  • Quand les femmes sont au courant de l’existence des plateformes de covoiturage, elles peuvent ne pas avoir les compétences technologiques pour accéder à ces applications.
  • Dans certains pays, les femmes ne peuvent pas prendre les transports en commun ou se déplacer sans être accompagnées par un homme.

 

Les modes de mobilité sont plus adaptés à la situation des hommes que celle des femmes.

Les infrastructures de transport sont généralement conçues pour répondre aux trajets de navette typiques, caractérisés par des déplacements linéaires et ininterrompus, souvent réalisés par des hommes entre leur domicile et le quartier central des affaires aux heures de pointe.

A l’inverse, les femmes ont tendance à se déplacer hors des heures de pointe et sont plus dépendantes des transports publics que les hommes, qui possèdent généralement leur véhicule personnel.

Elles doivent souvent voyager avec les enfants du foyer et voient donc les coûts de déplacement être doublés ou triplés.  En effet, en l’absence de tarification intégrée, l’achat de plusieurs tickets pour des trajets simples rend les transports publics plus coûteux pour les femmes.

Les infrastructures publiques de transport sont également inadaptées en termes d’accessibilité : les escaliers par exemple freinent les mères avec poussettes ou les femmes qui accompagnent des personnes à mobilité réduite.

Dans environ 15 pays, il existe des services de bus réservés aux femmes. En effet, les femmes choisissent cette option pour éviter le harcèlement et la stigmatisation. Pour autant, ces services de bus non-mixtes ont du mal à être financièrement viables car le nombre d’usagers y est plus limité, ce qui rend l’offre moins attrayante.

 

Sécurité et mobilité : un défi différencié pour les hommes et les femmes

La sécurité et le genre dans la mobilité urbaine présentent deux dimensions : la sécurité routière et le harcèlement ou la violence rencontrés, notamment dans les transports publics.

  • À l’échelle mondiale, les hommes sont généralement trois fois plus susceptibles de mourir dans des accidents de la route que les femmes car ils utilisent davantage les modes de transports privés ;
  • Les femmes constituent la majorité des utilisateurs de transports publics dans le monde et sont disproportionnellement affectées par les problèmes de sécurité dans les systèmes de transport public, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Plus de la moitié d’entre elles rapporte avoir déjà subi une forme de harcèlement dans ce cadre.
  • Les femmes issues de minorités ethniques se sentent particulièrement vulnérables dans les transports en commun.
  • Près d’une femme sur deux évite de voyager la nuit pour réduire les risques d’agressions dans les transports.

 

Plusieurs obstacles freinent l’élaboration de politiques urbaines sensibles au genre :

  • Existence de biais dans la conception des transports, omettant les besoins particuliers des femmes.
  • Manque de données sur les habitudes de mobilité des femmes.
  • Professionnels et décideurs peu formés à l’intégration de la question du genre dans les politiques urbaines.
  • Faible représentation des femmes au sein du personnel des transports en commun.
  • Insuffisance de ressources financières allouées à l’intégration du genre dans les politiques de mobilité.
  • Absence de plateformes municipales permettant la participation de la société civile dans les processus décisionnels, excluant ainsi les voix des femmes et des groupes vulnérables.
  • Manque de cadres réglementaires, de mesures fiscales et de changements sociétaux garantissant l’intégration de la notion de genre dans les mécanismes de financement et les investissements dans le secteur de la mobilité.

 

Recommandations pour parvenir à une mobilité urbaine durable et équitable

Il est nécessaire de prendre en compte les besoins et les situations variés des habitantes et habitants des villes et de leur offrir des niveaux de mobilité équitables, tout en répondant simultanément aux défis du changement climatique et du développement durable :

  1. Planifier des villes « compactes » et accessibles pour toutes et tous indépendamment de leur genre 
  2. Développer des villes orientées vers les transports en commun pour une mobilité équitable
  3. Optimiser l’infrastructure de mobilité urbaine avec une perspective prenant en compte les besoins des femmes et des hommes 
  4. Encourager la marche et le vélo avec des équipements inclusifs et accessibles à toutes et tous
  5. Faire progresser la gestion intelligente de la mobilité en intégrant une perspective genrée
  6. Améliorer les transports publics et la mobilité partagée avec une approche sensible au genre
  7. Privilégier la gestion équitable du stationnement plutôt que l’offre
  8. Électrifier tous les véhicules pour réduire les impacts négatifs (pollution, émission de CO2) sur les femmes
  9. Obtenir le soutien des parties prenantes et des citoyens en matière d’égalité de genre
  10. Soutenir les villes dans la mise en œuvre de stratégies de mobilité qui cherchent à réduire les inégalités de genre en favorisant des pratiques inclusives et équitables

 

Consulter le rapport dans son intégralité

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