3 ans après la prise de Kaboul, quel bilan en termes de droits des femmes ?

10 septembre 2024

Le 15 août 2021, le monde assistait, impuissant, à la reprise du pouvoir par les talibans en Afghanistan. Cet événement a suscité une onde de choc internationale et une inquiétude particulière quant au sort des filles et des femmes afghanes dont les droits étaient déjà menacés. Trois ans plus tard, le constat est accablant.

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En l’espace de trois ans, les talibans ont profondément modifié la structure de la société afghane au détriment des libertés fondamentales des femmes et de leur participation à la vie publique. Véritablement prises pour cible, elles font aujourd’hui l’objet d’un « apartheid de genre » touchant tous les aspects de leur vie publique et politique. Leur participation à la société est calibrée au millimètre près et systématiquement réduite, les reléguant à un rôle de second plan quand elles ne sont pas tout simplement exclues.

Marginalisées et opprimées dans un modèle de gouvernance exclusivement masculin, les femmes d’Afghanistan sont visées par une série d’interdictions sévères concernant leur épanouissement professionnel, leur liberté de mouvement et leur droit à l’éducation. Les plus courageuses osant militer pour leurs droits, sont réprimées sans pitié. Certaines sont emprisonnées et d’autres assassinées comme ce fut le cas pour la youtubeuse Hora Sadat, qui le 21 août 2021 a payé de sa vie son désir d’indépendance.

On constate surtout que l’exclusion systématique des femmes de tous les secteurs de la société ne fait qu’accentuer les inégalités de genre en Afghanistan. En effet, chaque jour, de nouvelles lois et décrets viennent renforcer cet isolement imposé, rendant les femmes de plus en plus invisibles aux yeux du monde et effaçant des décennies de progrès en matière d’égalité.

Une guerre contre l’éducation et l’émancipation des filles afghanes

La répression que subissent les filles en Afghanistan se manifeste de manière particulièrement brutale dans le domaine de l’éducation. Les talibans, ayant exclu les filles des écoles et des universités, mènent une offensive implacable contre leur émancipation en leur interdisant l’accès à toute forme d’enseignement au-delà du primaire. Et bien que scolarisées au primaire, elles voient les matières fondamentales, telles que les mathématiques, les langues ou les sciences sociales, supprimées au profit d’un enseignement religieux strict et réservées aux garçons.

Cours clandestin dispensé à cinq jeunes filles afghanes privées de scolarité par les Talibans ©FEMAID

 

L’éducation est un levier essentiel pour l’émancipation des femmes et leur avenir. Consciente de cet enjeu, depuis 2022, la Fondation RAJA-Danièle Marcovici, en collaboration avec l’association Femaid, finance des cours clandestins pour les filles âgées de 11 à 18 ans. Cette initiative permet à des enseignantes privées de leur emploi de proposer des cours en ligne, rémunérés, couvrant le programme du lycée et de la première année universitaire.

En 2022 :

  • 18 enseignantes ont été mobilisées 
  • 270 élèves ont pu bénéficier de cette éducation clandestine.

La lutte pour l’accès à l’éducation n’est pas seulement l’affaire des filles afghanes comme l’a souligné Carol Mann, présidente de l’association FEMAID :

« En France, nous devons rappeler à tout moment que la cause des femmes afghanes est aussi la nôtre. Même si le pays peut paraître lointain, la jeunesse afghane a les mêmes aspirations que l’occidentale ».

La voie vers un avenir plus juste et égalitaire est encore semée d’embûches, mais il est essentiel de ne pas détourner le regard. Les droits fondamentaux des femmes, tels que l’accès à l’éducation, au travail, et à la liberté de mouvement, continuent d’être bafoués sous des régimes autoritaires, mais la solidarité internationale reste un levier puissant pour soutenir cette lutte.

Lire l’interview de Carol Mann

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